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Photo du rédacteurOlivier

Japon: Le jardin Suizen-ji Jōju-en à Kumamoto

Dernière mise à jour : 28 sept.

Le jardin Suizen-ji Jōju-en, situé à Kumamoto, dans la préfecture du même nom sur l'île de Kyushu, est un exemple emblématique de l'art des jardins japonais. Ce jardin représentatif de la période Edo est un parfait mélange de spiritualité, d'histoire et de culture. Avec ses éléments "empruntés" à la nature (Shakkei), il reflète clairement les idéaux esthétiques et architecturaux de l'époque.


Japon: Le Jardin Suizen-ji Jōju-en à Kumamoto

Origine du jardin

Le Suizen-ji Jōju-en a été fondé en 1636 par le seigneur féodal Hosokawa Tadatoshi, daimyo du domaine de Kumamoto. Il fit construire un pavillon de thé ainsi qu'un temple, "Suizen-ji", aujourd'hui disparu, à proximité de son château. C'est au fil des quatre-vingt années suivantes, sous la gouvernance de son fils puis de son petit-fils Hosokawa Tsunatoshi, que le jardin s'est épanoui pour devenir le joyau que l'on connaît aujourd'hui.


Le nom "Suizen-ji" vient donc du temple disparu qui faisait partie du complexe original, tandis que "Jōju-en" signifie "jardin de la longévité pure". Le jardin était initialement conçu comme un lieu de retraite pour le clan Hosokawa, ainsi qu’un espace pour la pratique du thé, une activité culturelle très prisée à l'époque.


Japon: Le Jardin Suizen-ji Jōju-en à Kumamoto

Autrefois, le jardin Suizen-ji Joju-en s'intégrait harmonieusement aux cinq sommets du mont Aso (volcan de la région), une vue aujourd'hui masquée par l'urbanisation. Le choix de cet emplacement par Hosokawa Tadatoshi a été motivé par la clarté exceptionnelle de l'eau de l'étang, issue selon la légende du mont Aso lui-même.


Evolution du jardin Suizen-ji Jōju-en

A travers les siècles, le jardin a connu plusieurs phases d'expansion et de rénovation, chacune reflétant les goûts et les influences de l'époque. Au 19e siècle, durant la restauration de Meiji, le jardin a été ouvert au public, marquant une transition de son utilisation privée à un espace public. Cette ouverture a contribué à la préservation du jardin, en reconnaissant son importance culturelle et historique.


Durant la Seconde Guerre mondiale, le jardin a subi d'importants dommages, mais a été restauré par la suite. Le gouvernement japonais a désigné Suizen-ji Jōju-en comme site de beauté pittoresque spéciale et lieu historique en 1953, soulignant son importance nationale.


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Conception paysagère de Suizen-ji Jōju-en

En tant qu'architecte paysagiste, je suis évidemment particulièrement intéressé aux éléments structurant les parcs et jardins du Japon ainsi qu'à leurs différents styles. La notion de Shakkei, propre aux jardins japonais et chinois, n'est que très rarement utilisée dans l'art des jardins traditionnels en Europe. Elle implique pourtant des mécanismes intellectuels intéressants en faisant référence à des paysages distants ou à des éléments naturels situés bien ailleurs.


Le jardin Suizen-ji Jōju-en est conçu selon le style Kaiyu-shiki teien, ou jardin de promenade, dans lequel les visiteurs suivent un chemin prédéfini, découvrant ainsi des vues variées et soigneusement composées. Chaque vue est conçue pour offrir une expérience unique, invitant à la contemplation et à la découverte progressive des éléments du jardin. Sa superficie actuelle est d'environ 64 000 m2.


Suizen-ji Jōju-en s'organise autour d'un grand étang, avec le mont Fuji, comme Shakkei. Cette technique d'incorporation de la perspective d'éléments extérieurs au jardin crée une continuité visuelle entre le jardin et l'élément de référence, donnant l'illusion d'un espace plus vaste et intégré dans le paysage environnant.


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Le Shakkei dans l'art des jardins

La conception paysagère du jardin Suizen-ji Jōju-en est un exemple remarquable de l'application de la technique de Shakkei (借景) que l'on peut traduire par "élément emprunté au paysage", une notion raffinée dans l'art des jardins japonais. Cette approche consiste à intégrer des éléments extérieurs au jardin dans la composition visuelle de ce dernier, créant ainsi une continuité entre le jardin et le paysage environnant.


Dans le cas de Suizen-ji Jōju-en, le mont Fuji joue le rôle de Shakkei, s'intégrant harmonieusement à la scène paysagère du jardin. Il existe plusieurs manières d'intégrer les Shakkei dans les jardins paysagers du Japon. On peut essentiellement noter les 4 techniques suivantes:


- Shakkei distant (遠借り, En-shakkei): Lorsque qu'un élément lointain, comme une montagne ou une colline, est intégré visuellement dans le jardin.


- Shakkei adjacent (近借り, Kin-shakkei): Lorsque les caractéristiques du paysage immédiatement à l'extérieur du jardin sont utilisées dans la composition.


- Shakkei par le haut (高借り, Takashakkei): Lorsque le ciel ou des arbres hauts sont utilisés comme fond dans la composition.


- Shakkei par le bas (低借り, Hikishakkei): Lorsque des éléments plus bas que le jardin, tels que des rivières ou des lacs, sont incorporés dans la composition.


Japon: Le Jardin Suizen-ji Jōju-en à Kumamoto

© O. Robert

Suizen-ji Jōju-en utilise donc principalement le En-shakkei en s'appuyant sur le mont Fuji comme toile de fond spectaculaire. Ce dernier n'étant bien sûr pas visible depuis le jardin. Il s'agit donc d'une référence que les visiteurs sont supposés avoir en tête lorsqu'il visite ce jardin. Comme ce jardin fait référence aux stations du Tokaido (voir plus bas), le Mont Fuji est représenté de manière imposante par cette colline artificielle appelée "Tsukiyama".


Caractéristiques de Suizen-ji Jōju-en

La conception du jardin s'appuie également sur plusieurs principes clés de l'art du jardin japonais, en plus du Shakkei. Je citerai notamment:


Pondération et asymétrie: Le jardin évite la symétrie, favorisant un équilibre naturel qui imite les irrégularités trouvées dans la nature. Cela est visible dans la disposition des pierres, des chemins, et de l'étang.

Miniaturisation: Le jardin comporte des représentations miniatures de célèbres paysages japonais, y compris les stations du Tokaido. Cette technique permet de capturer l'essence des paysages vastes et variés du Japon dans un espace confiné.


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Caché et révélé: La conception du chemin dans le jardin est telle que certaines vues sont cachées et ne se révèlent que progressivement lors de la promenade, dissimulant alors la précédente. Cette approche crée une expérience dynamique et changeante, où chaque pas est une nouvelle découverte.


Intégration de l'eau: L'eau joue un rôle central dans la conception du jardin, avec l'étang majeur reflétant le ciel et les éléments environnants. Il ajoute une dimension de profondeur et de mouvement au paysage.


Utilisation de la végétation: La sélection des plantes a été méticuleusement planifiée pour refléter les saisons changeantes. La palette végétale propose des floraisons séquentielles qui marquent le passage du temps et offre une expérience renouvelée tout au long de l'année.


La conception de Suizen-ji Jōju-en est un témoignage de l'habileté avec laquelle les jardins japonais fusionnent art, nature, et philosophie. En utilisant le Shakkei et d'autres techniques de conception paysagère, le jardin crée un espace où le visiteur peut expérimenter la beauté éphémère de la nature, tout en se sentant connecté à un paysage plus vaste et intemporel.


Japon: Le Jardin Suizen-ji Jōju-en à Kumamoto

Eléments constitutifs du jardin

Le jardin Suizen-ji Jōju-en, en sa qualité de chef-d'œuvre de l'art paysager japonais, est riche en éléments historiques et culturels. Conçu initialement comme un espace de retraite et de méditation pour le clan Hosokawa, il incorpore divers éléments traditionnels qui s'harmonisent avec le paysage naturel. Voici les principaux éléments constitutifs du jardin:


Le sanctuaire Izumi (Izumi jinja): Relocalisé dans le jardin au 19e siècle, ce sanctuaire ajoute une dimension spirituelle au site, en harmonie avec les principes du shinto qui valorise la nature et ses divinités. Le sanctuaire Izumi lui-même est dédié à Izumi Shikibu, une poétesse de la cour impériale de l'époque Heian (794-1185), connue pour son œuvre dans le Waka, un style poétique japonais. Le sanctuaire a été établi pour honorer son esprit et sa contribution à la littérature japonaise, ainsi que pour offrir un espace de vénération shinto dans le jardin.


Le chemin du Tokaido: Le jardin fait allusion en miniature aux 53 stations du Tokaido, la célèbre route reliant Edo (aujourd'hui Tokyo) à Kyoto. Cette suggestion visuelle invite les visiteurs à un voyage symbolique à travers le Japon, soulignant l'importance des voyages et de la contemplation dans la culture japonaise. Pour en savoir plus sur la route du Tokaido, je recommande de lire cet ouvrage de référence:


Ma bibliothèque: The Scenic Places of the Tokaido

Kokindenju-no-ma: Un pavillon de thé construite à l'origine au château de Kyoto par le shogun Ashikaga Yoshimasa au 15e siècle, puis déplacée au jardin Suizen-ji Jōju-en par Hosokawa Tadatoshi. Il sert de lieu pour les cérémonies du thé, reflétant une fois encore l'importance de ces cérémonies dans la culture japonaise de l'époque.


Théâtre Noh: Situé au sud du jardin, ce petit théâtre a été conçu par Hosokawa Fujitaka (1534-1610), fondateur du clan et grand-père de Tadatoshi. Le premier théâtre, construit en 1878, a brûlé en 1965. Le théâtre actuel est une structure de la même époque qui y a été déplacée en 1986. Il appartenait à la famille Matsui, qui était le seigneur du Château de Yatsushiro, un domaine situé au sud de Kumamoto. Pour en savoir plus sur l'art du théâtre Noh et ses magnifiques masques, je recommande de lire ce livre:


Ma bibliothèque: The Secrets of Noh Masks

La maison de thé Kōshun: Construite au début du 20e siècle, elle est un exemple de l'architecture de l'ère Taisho, combinant des éléments traditionnels japonais et occidentaux. Elle sert aussi de lieu pour la cérémonie du thé. Elle est ouverte au public et constitue un lieu idéal pour admirer les paysages miniatures du jardin et l'étang tout en dégustant un thé matcha.


Japon: Le Jardin Suizen-ji Jōju-en à Kumamoto

Maison de thé Kōshun © O. Robert


Protection et sensibilisation

La protection du jardin Suizen-ji Jōju-en repose sur une combinaison de mesures légales, de pratiques de conservation, d'efforts éducatifs et de collaboration communautaire. Ces stratégies assurent que le jardin non seulement survit en tant que témoignage de l'art paysager japonais mais continue également à prospérer en tant qu'espace vivant pour l'éducation et la contemplation culturelle.


Voici les principales mesures mises en place:


1. Site historique et de beauté pittoresque spéciale

En 1953, le gouvernement japonais a désigné Suizen-ji Jōju-en comme site de beauté pittoresque spéciale et lieu historique. Cette désignation, en vertu de la Loi sur la protection des biens culturels, fournit un cadre légal pour la protection et la préservation du jardin. Elle implique des restrictions sur les modifications et les développements qui peuvent être effectués dans et autour du site, assurant ainsi que les interventions soient en harmonie avec son intégrité historique et esthétique.


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2. Conservation et restauration

Des efforts continus de conservation et de restauration sont entrepris pour maintenir et restaurer les structures historiques, les éléments paysagers et la végétation selon les méthodes traditionnelles. Ces travaux continus incluent la maintenance régulière des bâtiments, la gestion des plantes et des arbres selon les principes de l'horticulture japonaise, et la restauration des éléments endommagés par les intempéries, les catastrophes naturelles ou l'usure du temps.


3. Recherches et études

Des recherches et des études sont régulièrement menées pour mieux comprendre l'histoire, les caractéristiques et les méthodes de préservation optimales du jardin. Elles incluent l'étude des documents historiques, l'analyse des techniques de jardinage traditionnelles et l'application des connaissances modernes en conservation.


Japon: Le Jardin Suizen-ji Jōju-en à Kumamoto

© O. Robert


4. Education et sensibilisation

Le jardin sert de centre éducatif pour sensibiliser le public à l'importance de la conservation des sites culturels et historiques. Des visites guidées, des ateliers éducatifs et des publications sont proposés pour informer les visiteurs sur l'histoire du jardin, ses caractéristiques uniques et les efforts de préservation. La sensibilisation est cruciale pour générer un soutien public en faveur de la conservation du jardin.


5. Collaboration avec les communautés locales

La gestion du jardin implique une collaboration avec les communautés locales, les organisations culturelles et les autorités gouvernementales. Cette approche collaborative assure que les efforts de préservation sont en accord avec les besoins et les valeurs de la communauté locale, tout en respectant l'importance nationale et culturelle du site.


6. Gestion des visiteurs

Des stratégies de gestion des visiteurs sont mises en place pour équilibrer l'accès public avec la préservation du jardin. Cela inclut la limitation du nombre de visiteurs en périodes de forte affluence, la création de sentiers définis pour minimiser l'impact sur la végétation et l'infrastructure, et l'encouragement des visites conscientes et respectueuses.


Japon: Le Jardin Suizen-ji Jōju-en à Kumamoto

© O. Robert


Le mot de la fin

Le jardin Suizen-ji Jōju-en est une encapsulation vivante de la philosophie japonaise, une toile où se peint l'harmonie entre l'homme et la nature. Ce jardin, avec ses éléments méticuleusement arrangés, est un digne représentant de l'esthétique japonaise qui privilégie la beauté dans la simplicité, l'impermanence, et l'interaction subtile entre les éléments naturels et artificiels.


L'art de la photographie, à l'instar de la conception du jardin Suizen-ji Jōju-en, est une quête d'équilibre et de beauté dans la capture de l'éphémère et du permanent. Chaque image est une tentative de saisir non seulement la forme, mais l'essence même du moment. Chaque cliché évoque l'émotion capturée devant un jeu de lumière et d'ombre. Il emporte avec lui un moment de la sérénité exceptionnelle de ce jardin.


Pour le photographe de paysages, Suizen-ji Jōju-en est une source potentielle inépuisable de création artistique. A travers l'objectif, chaque composant du jardin peut être exploré sous des angles variés, à différentes heures et au gré des saisons. L'eau de l'étang principal, miroir du ciel et des structures environnantes, permet de capturer les nuances subtiles du changement de lumière au fil de la journée.


Suizen-ji Jōju-en n'est pas seulement un lieu de beauté pittoresque, mais un espace profondément philosophique, imprégné de la coexistence harmonieuse de l'homme avec la nature. Pour le photographe, le jardin devient un studio à ciel ouvert où la lumière, l'eau, la pierre et la végétation se conjuguent pour créer des œuvres d'art vivantes, des instantanés du dialogue silencieux entre l'homme et son environnement.

 

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