Japon: L’Atomic Bomb Dome à Hiroshima
Dernière mise à jour : 12 oct.
Le Japon ne manque malheureusement pas de traces et de vestiges de la seconde guerre mondiale. Notamment dans les villes d’Hiroshima et de Nagasaki, où les premières bombes atomiques de l’histoire de l’humanité ont été larguées en août 1945, faisant plus de 250.000 victimes directes et indirectes. Causant des dégâts indescriptibles sur plusieurs kilomètres à la ronde, ces 2 bombes ont rasé Hiroshima et Nagasaki de la carte en quelques instants. Tous les bâtiments se sont effondrés, soufflés et réduits en cendres, à l’exception de quelques-uns qui ont été conservés en l’état comme témoins de ces évènements.
Tirage Fine Art © O. Robert
Aussi, j’ai souhaité photographier certains d’entre-eux afin de rendre à ma façon un regard respectueux sur ce passé. C’est notamment le cas du Dôme d’Hiroshima, du Torii à un pied de Nagasaki ou encore du Centre d’entraînement Kaiten situé à Kawatana, sur l’île de Kyushu également.
Photographie et devoir de réserve
La photographie de paysages est un domaine complexe de l’image. Réputée pour être la discipline la plus difficile de la photographie, elle comporte parfois son lot de mystères et d’interrogations. Lorsqu’il s’agit de saisir en image une scène chargée d’une histoire douloureuse et ancrée dans la mémoire collective comme un symbole de souffrance, le photographe se pose parfois certaines questions difficiles.
Comment poser un regard d’artiste habitué aux valeurs esthétiques sur un lieu témoin de ce passé douloureux sans porter atteinte à sa mémoire? Comment restituer avec respect la lourde charge émotionnelle qu’il véhicule? Ai-je tout simplement le droit de donner un sentiment personnel sur ce passé par mes photographies?
J’avoue que bien souvent, ces questions n’ont pas trouvé de réponse. Parfois même, je me suis refusé à photographier certaines scènes qui en surface présentaient un intérêt paysager pour la simple raison qu’elles étaient chargées d’une histoire lourde et difficile à appréhender. Je le regrette parfois.
Le respect est-il donc à ce prix? Peut-être. Mais est-ce une raison suffisante pour priver un photographe de s’approprier une scène pour en rendre la substance émotionnelle telle qu’il la perçoit? Après tout, la démarche photographique créative est peut-être bien la meilleure manière de témoigner intimement de ce que l’on ressent, là où les mots ne suffisent plus.
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Qu'est-ce que l'Atomic Bomb Dome d'Hiroshima
Le Dôme d’Hiroshima, aussi appelé Mémorial pour la Paix ou encore Genbaku (signifiant bombe atomique en japonais) était anciennement le Palais d’exposition industrielle. Ce bâtiment de 25 mètres de hauteur était entièrement construit en briques et en ciment. La coupole de 4 mètres, élément distinctif de cet édifice, disposait quant à elle d’une armature métallique supportant un toit recouvert de cuivre. Situé le long de la rivière Ota, il est aujourd’hui bien sûr protégé par le gouvernement.
Préservé tel qu’il a été retrouvé après le souffle dévastateur du 6 août 1945, le Dôme conserve toute sa substance historique. Le bâtiment a toutefois été sécurisé à maintes reprises et renforcé artificiellement afin de garantir sa pérennité pour les décennies à venir. Il a également été inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO et est contrôlé tous les 3 ans. Une célébration commémorative a lieu tous les 6 août. Les Japonais disposent alors des lanternes de papier sur la rivière Ota. Elles s’appellent symboliquement les “braises de la bombe atomique”.
Livre: Inspiration Japon
Compte-tenu de sa proximité avec la berge de la rivière Ota, du contexte particulièrement urbain des alentours directs et des barrières qui l’entourent, photographier le Dôme dHiroshima relève du challenge. Après de nombreux essais de repérage à différents moments de la journée, c’est finalement la nuit que j’ai choisi de le photographier. Ici encore, les immeubles qui ponctuent l’horizon urbain ne permettent que difficilement d’isoler le Dôme sur un fond noir. Pour y parvenir, j’ai décidé de le photographier depuis l’arrière. Non seulement, cette vue est peu conventionnelle mais permettait d’inclure la frondaison d’arbres tout autour.
Depuis le trottoir d'en face, la vue est parfaite, équilibrée et dépourvue de tout élément perturbateur. L’éclairage nocturne est orangé. La chaleur de cette lumière est adaptée à cette scène si vous photographiez en couleurs. Le noir et blanc s’est sort aussi très bien puisque le contraste est définitivement assuré par le ciel nocturne et l’éclairage puissant sur le bâtiment se reflète sur les feuilles d’arbres.
Certes, ce point de vue n’est pas le seul qui permette de photographier le Dôme et d’en restituer toute la puissance évocatrice de ce qu’il symbolise. Cela dépendra beaucoup de la période de l’année à laquelle vous visiterez cet endroit historique. Attention toutefois, en hiver, il faudra composer avec l’environnement urbain. Par l’absence de feuillage, les arbres sont moins présents dans l’image et les immeubles qui entourent le Dôme n’ont évidemment plus rien à voir avec le contexte historique.
Livre: Le Japon, des chasseurs-cueilleurs à Heian
Se rendre à l’Atomic Bomb Dome d’Hiroshima
Quoiqu’il en soit, ce lieu est chargé de mystère et d’émotions. Indépendamment de notre recherche photographique. il mérite une visite si vous êtes dans les environs d’Hiroshima. Tout comme le “Hiroshima Peace Memorial Museum” ouvert en août 1955.
Il est très facile de trouver le Dôme une fois arrivé à Hiroshima. De nombreux panneaux indiquent sa direction en plusieurs langues depuis le centre-ville.
A toutes fins utiles, il se situe à 30 minutes à pieds de la gare principale (2.5 km).
Dernier conseil: si vous séjournez à Hiroshima, prévoyez aussi une visite matinale du Jardin Shukkei-en. Datant du 16e siècle, c’est l’un des plus beaux jardins que j'ai eu la chance de photographier.